Culture

Rencontre avec Romain Gibier

La culture en danger

Entretien avec Romain Gibier, artiste de rue et photographe, qui « du fond du gouffre » expose une série de photographie illustrant la « Culture en danger » sur les façades des lieux culturels (Nouvel Olympia, Bateau Ivre, Petit Faucheux…) et ne veut rien lâcher.

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En quelques mots, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis artiste du spectacle dans la compagnie Détour de Rue (spectacle de rue cirque, magie, contes et déambulation). Cela fait une quinzaine d’années que nous avons créé la compagnie, nous avons connu des hauts et des bas, mais nous nous en sommes toujours sortis. Nous avons vadrouillé, participé à de nombreux festivals un peu partout en France : Aurillac, Fest’art de Libourne, le forum des arts de Saint Malo, Festival les Douchynoiseries dans le Nord et bien d’autres. Nous avons conté les monuments nationaux à Carcassonne, à Forges-les-Eaux, etc., et sommes présents lors de fêtes médiévales… J’ai également collaboré avec d’autres compagnies en tant qu’échassier, balooneur, magicien, monteur de chapiteau, ou même comédien.

Racontez-nous l’irruption de cette pandémie dans votre vie ?

L’année 2020 démarrait bien avec de nombreuses dates de prévues après de longues journées à communiquer et diffuser, quand soudain est arrivé la pandémie et tout a dérapé : tous les jours des appels et des mails pour annuler, repousser les dates. Nous avons vu le calendrier que nous avions passés des mois à remplir, se vider en quelques jours. Plus de festival, plus d’événements…. Le doute nous a saisi. L’un de mes collègues est devenu maraîcher. Pour ma part, n’ayant pas encore l’intermittence et donnant des cours de cirque et de magie, étant salarié de la compagnie, l’état a demandé un chômage partiel me donnant 200€ par mois pour vivre et j’étouffe aussi de voir mon monde s’écrouler.

Avez-vous réussi à sortir votre épingle du jeu durant l’été ?

Nous avons effectivement vécu un répit grâce aux sites touristiques qui, en dépit des nombreuses contraintes sanitaires, ont pu nous faire intervenir, et puis c’était reparti pour un tour : les journées européennes du patrimoine sont annulées trois jours avant la prestation, et impossible de trouver autre chose pour les remplacer. Arrive Noël. Nous avions décroché des contrats pour toutes les vacances, pas un jour de libre, deux spectacles créés pour l’occasion, et rien ne sera joué. Ce fut la première fois que je passais des vacances de Noël sans travailler. J’étais au fond du gouffre. Pas le choix que de prendre un travail à mi-temps pour joindre les deux bouts. Je refuse pourtant de m’avouer vaincu.

En dehors des spectacles, il y a la photo dans votre vie et cette série sur « La culture en danger ». Pouvez-vous nous en dire un mot ?

Oui, à côté de tout ça, je suis aussi photographe événementiel et pigiste de presse régionale, principalement aux sports depuis 2010, mais sans événement, ni sport aucun travail non plus. Du fond du gouffre donc, j’ai décidé de mélanger mes deux casquettes et essayer de lutter, en poussant un cri du cœur. Ce serait une autre façon de créer et participer au mouvement de la culture à ma manière. J’ai monté ce projet photographique qui met en scène les différents types d’acteurs culturels face à la pandémie pour montrer notre détresse mais aussi pour prouver que la culture est une grande famille réunissant de nombreux métiers. Il y a quelques semaines, nouveau coup bas, la photographie se trouve déclassée au Ministère de la Culture, et cela me donne l’envie de me démener encore plus et d’emmener ce projet le plus loin possible.

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