Lien vers le site web de l’Observatoire des Inégalités
« Si cela est possible, trouvez quelques lignes pour parler de notre programme pour les jeunes… »
Par exemple du prix Jeunesse pour l’égalité 2022 destiné aux 11-25 ans ? Pas de doute, même lors d’un entretien en visio, Louis Maurin ne perd ni le nord, ni son enthousiasme, et encore moins son optimisme. Un point pour lui si l’on considère l’aspect parfois anxiogène que peuvent prendre ses recherches engagées depuis la création de l’Observatoire des Inégalités à Tours en 2003 avec Patrick Savidan, philosophe et Serge Monnin, chargé alors du site internet.
« Ce fut notre réaction à l’arrivée du Front national au second tour des présidentielles de 2002 ». Ou comment comprendre cette irruption en analysant la cause : les inégalités avec un « I » majuscule.
Nul n’est prophète en son pays
Depuis, cette tour d’observation des maux et douleurs de notre société est devenue incontournable. Enfin, presque, puisque, comme souvent, nul n’est prophète en son pays. « Nous sommes très peu invités localement à participer aux débats sur les inégalités », constate Louis Maurin plus souvent appelé à témoigner hors de l’Indre-et-Loire. Le fait de ne pas être affilié à une institution – telle Sciences Po – a sans doute également freiné sa reconnaissance auprès des médias. La – bonne – surprise est arrivée d’ailleurs et rapidement.
« Dès l’été 2003, nous avons reçu des chèques de soutien. Un grand nombre de chercheurs nous ont rejoints et encouragés. Il existait déjà des études dans ce domaine fournies par la Fondation de l’Abbé Pierre, le Secours Catholique, le Secours Populaire ou encore Amnesty International, mais encore rien de global et transversal ». Selon lui, le traitement quantitatif de la donnée, très courant dans les pays anglo-saxons par exemple, « n’est pas dans la culture française ». D’ailleurs, il tient à préciser sa source d’inspiration : le site américain Inequality.org.
À l’époque, il fait le constat de la « rareté des contre-expertises hors du champ institutionnel ». Dès lors, le travail de l’association trouve peu à peu son audience ; parfois dans la presse nationale, mais ce sera longtemps une exception pour l’Observatoire…
Notre rôle consiste à montrer que toutes ces inégalités constituent un système et que la bourgeoisie économique et culturelle n’écoute plus les classes moyennes et populaires.
Pointer l’existence des inégalités injustes
D’où cette attention constante à demeurer compréhensible, à vulgariser le propos pour « tenter de réduire cette césure existant aujourd’hui entre nos milieux et une partie de la population ».
Quand on le questionne sur la définition du terme inégalité, Louis Maurin en profite pour rappeler ce qui fonctionne dans notre pays et pour insister sur le fait que « l’immense majorité de nos concitoyens est pour l’égalité et la compétition juste ». Cela ne l’empêche pas immédiatement après de pointer l’existence des « inégalités injustes » qui ne cessent de s’accroître. « Depuis la “fracture sociale” de Chirac en 1995, on n’a pas inventé l’eau chaude. Avec le temps, le débat a pris de l’ampleur et fait partie du marketing politique qui en masque d’autres. Notre rôle consiste à montrer que toutes ces inégalités constituent un système et que la bourgeoisie économique et culturelle n’écoute plus les classes moyenne et populaire ».
En ces temps où la prise de recul est plus que jamais vitale, l’Observatoire des inégalités continue donc à produire des données, à informer, à former aussi, notamment les jeunes. Une autre forme d’optimisme ?