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Le grapheur KOYE lors de la création de la fresque des voeux 2024 au Logis des Gouverneurs, à Tours jeudi 21 décembre 2023.

Culture

Portrait de Koye

Tourangeau d’adoption, ivryen d’origine, Koye est LE grapheur qui monte ! De la fresque réalisée pour la cérémonie des vœux du maire, au projet de Budget Participatif, le “prof” de Brassart est un hyper-créatif.

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L’année 2024, s’annonce graphique ! Il nous fallait donc rencontrer Koye, LE graffeur qui monte… Artiste passionné, l’homme a fait du street-art son mode d’expression. « Le street-art regroupe beaucoup de choses : graffiti, collage, pochoir… Ce ne sont pas les mêmes disciplines. » précise-t-il. « Le graffiti, j’ai commencé par ça (!), est une pratique un peu sauvage, non autorisée. Elle consiste surtout à réaliser des lettrages mis en scène de manière illustrative. »

C’est à Ivry, en région parisienne, d’où il est originaire, que Koye (Coyotte, en abrégé ré-orthographié) a commencé à peindre, dans des trains et sur des murs. « J’étais adolescent, je n’avais pas conscience que je pouvais lier cela à mon côté dessin, illustration. Je séparais bien les deux ! » Un peu plus âgé, lorsqu’il décide de marquer une pause dans le graffiti, Koye continue à dessiner autour d’influences liées au hip-hop, mais aussi à la BD et aux dessins animés de son enfance (Cf. Métal Hurlant). « Le milieu du graffiti est assez codifié. Car le support est particulier. On ne peut pas réaliser les mêmes choses que sur une feuille. Les outils ne sont pas les mêmes, non plus… Il y a beaucoup de créativité, dans l’univers de la BD, notamment en termes de narration et de scénario. Et moi, c’est quelque chose que j’aime bien développer dans mes illustrations ! »

Son passage à l’ESAD d’Orléans (École Supérieure d’Art et de Design) lui offre la rencontre avec Enora One. Celui-ci s’impose comme son alter-ego et complice artistique. « C’est cette rencontre qui m’a mis le pied à l’étrier » explique-t-il aujourd’hui. En 2017 Koye décide de “passer pro”. « Je peignais, je faisais mes créations, des fresques murales et parfois j’intervenais sur de petits événements, alors j’ai décidé de ne faire que ça ! » Nous sommes en 2019. Il s’installe à Tours, intègre le microcosme artistique local, ouvre son atelier à la Morinerie et se fait connaître en intervenant dans “les endroits tolérés” (Beaumont, sous-pont Napoléon…)

La vie – artistique – suit son cours. Elle s’accélère, même. Elle prend diverses formes.

Une exposition partagée, avec Enora One, au Petit Faucheux, le lance véritablement “en son pays d’adoption”. La vie – artistique – suit son cours. Elle s’accélère, même. Elle prend diverses formes, ici et là, parfois à Tours. « Devenu papa, je suis désormais prof de “digital painting” à Brassart, où j’anime aussi des workshops, avec des semaines thématiques… » Ce n’est qu’un début. ! Koye s’apprête, en effet, à participer à la cérémonie des vœux du Maire, d’une manière plutôt inattendue ! « Il s’agit de peindre sur des panneaux de bois qui seront terminés en live, au Grand Théâtre, pendant la cérémonie. Il y a une thématique que je peux interpréter librement. J’aurais 30 – 35 minutes pour terminer la fresque, accompagné par une violoniste. » L’expérience est nouvelle. Elle se pose sur un support, lisse, qui se prête à la narration, avec aérosols et peinture acrylique. En prime, il y a la rencontre, brute, d’univers différents. Et si cela faisait alchimie ?

Il s’en suit une intervention sur les travaux du haut de la Tranchée. « Je vais réaliser une signalétique, expliquant que l’endroit abritera, dans un futur proche, un nouveau quartier. » Koye se charge de la peinture. Il apporte ses compétences techniques, adaptant, de concert avec le graphiste, le visuel à poser sur les moulures de l’ancienne mairie annexe.

Mais le gros projet passe par l’association BluMonday, un collectif d’artistes. Outre Koye, on retrouve Gil KD, Kevin Le Gall, Deux Mètres ou Paf Le Piaf… « En arrivant sur Tours, j’ai œuvré dans les endroits tolérés, j’ai rencontré d’autres artistes. Ensemble, on a eu l’idée de peindre dans notre ville… » Le postulat apparaît évident. « Je vais souvent dans d’autres villes, mais je ne peins pas beaucoup dans celle où je réside… » Il faut donc inviter des stars du street-art, tout en visant les artistes locaux. Cela tombe bien, la Ville de Tours s’inscrit dans la démarche ! L’idée d’un projet soumis au budget participatif est lancée.

L’organisation est progressive. Elle s’étend sur une douzaine de mois. « Les artistes choisissent des murs. On demande des autorisations, on met les choses en forme, on rencontre les représentant des habitants… Cela débouche sur la signature d’une convention avec la Ville de Tours, pour la réalisation d’une série d’illustrations entre le Sanitas et la place Velpeau, sur des façades d’immeubles (souvent liées à Tours Habitat) ou de bâtiments publics (comme la patinoire). Chaque mur sera investi par un artiste, pour différents styles et différents formats. Chacun va soumettre deux projets aux habitants. » Fin janvier ou début février, un scrutin permettra de finaliser les choses. Le “vernissage” est prévu au printemps !

Texte : Pierre Bonnet

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