Un habitant sur quatre vit dans le parc social. 25 % des locataires de Tours Habitat et 22 % des locataires de Ligéris ont plus de 65 ans. Le directeur général Grégoire Simon de Tours Habitat précise : « 90 % des résidents veulent se maintenir à domicile, parce que leur logement est très bien desservi, que leurs réseaux de solidarité sont ici, et quand bien même voudraient-ils déménager dans le parc privé, leur situation financière ne le permettrait pas. » Ils y vieilliront, ce pourquoi 22 résidences de quatre étages viennent d’être équipées d’ascenseurs.
Le concept Habitat Facil’
Par ailleurs, Tours Habitat poursuit d’adapter, à la demande, l’intérieur des logements. « Les travaux sont réalisés dans un délai de trois à sept mois, entre la première visite (parfois en présence d’un ergothérapeute) et leur exécution, assure Alicia Rigaudière, responsable du service maintien à domicile.
« En 2006, c’était 50 interventions par an, c’est une centaine aujourd’hui », précise Marie Quinton, adjointe au maire déléguée au logement. « Le budget alloué est passé de 400 000 à 600 000 €. Un logement neuf est aujourd’hui adapté d’emblée aux personnes à mobilité réduite suivant des normes qui évoluent très vite, tandis que, dans le parc ancien, nous développons actuellement le concept Habitat Facil’. »
Ainsi, l’an prochain, au Sanitas, des logements T3 (ascenseurs et proximité du tram) seront transformés en T2, ou T2 en T1, tous équipés de douches siphon de sol, de WC surélevés, de lavabo PMR, d’un balisage lumineux de la chambre jusqu’à la salle de bains. Les portes pourront être motorisées, la fermeture à clé pourra couper l’eau et l’électricité ou commander la fermeture des volets roulants et de la lumière. Ce type d’appartements coïncide avec la création d’un poste de chargée de mission « habitat inclusif » occupé par Laure Ragueneau aux Alizées à Chanceaux-sur-Choisille et lui aussi appelé à se banaliser. Cette résidence
compte 10 logements Habitat Facil’ : « J’y mets en place des ateliers bien-être, programme avec les résidents la visite d’intervenants animant la salle commune, en plus d’être leur interlocuteur privilégié auprès du bailleur. » Du côté de Ligéris, son directeur Pierre Rochery consacre un budget de 200 000 €/an aux travaux d’adaptation de ses logements : « À chaque réhabilitation d’une résidence, une étude sur l’accessibilité est engagée, conduisant, comme actuellement rue Jean-Bernard Jacquemin, à l’installation d’une porte de hall automatique et coulissante, d’éclairages à détection et de volets roulants motorisés. Enfin, les locataires âgés, vivant dans des logements devenus trop grands et coûteux, se voient régulièrement proposer des logements plus conformes à leurs besoins. »
D’autres formes de chez soi
« La capacité à se projeter vers un habitat alternatif, malgré la charge affective liée au domicile, apparaît genrée dans les enquêtes. La femme anticipe l’inadéquation du foyer liée au vieillissement ; l’homme considère que, tant qu’il pourra conduire, se laver et se faire à manger seul, rien ne saurait lui être imposé », a constaté la sociologue Audrey Valin. Missionnée par le Club de l’Amélioration de l’Habitat (regroupant des acteurs majeurs, publics et privés, de la filière entretien-rénovation), elle analyse « les freins qu’opposent les propriétaires-occupants à la rénovation de leur logement » et s’intéresse au « Plan bien vieillir » de la Ville de Tours, aussi « parce qu’il promeut d’autres formes de chez soi ». Le béguinage, la colocation étudiants/personnes âgées, via les associations Un toit en partage ou Ensemble2Générations ou au sein des résidences autonomie du CCAS, aucune piste n’est éludée. Ainsi, est examinée la possibilité d’intégrer à la future résidence étudiante prévue sur Saint-Paul des logements seniors. Les étudiants qui accepteraient d’être leurs aidants bénéficieraient d’un loyer minoré.
Une « famille » librement recomposée
La volonté de finir ses jours dans une communauté librement choisie stimule les projets d’habitat participatif, axés sur l’entraide et la mutualisation des moyens (salle commune, buanderie et moyens de locomotion partagés). Sur l’emprise de l’école Claude Bernard (qui sera démolie et reconstruite en 2025), la Ville a réservé à cet effet 1 000 m 2 pour 15 à 22 logements. Un groupe d’habitants intergénérationnel s’est aussitôt formé, très motivé par sa doyenne, Catherine Richard, 77 ans, « locataire toute sa vie », souriant au souvenir de sa jeunesse à Tours lorsque « nous étions à peine six à y faire du vélo ». Pour étoffer le groupe, elle invite les personnes intéressées à contacter son collectif (www.facebook.com/habitattoursraspail ou par mail : habitat.claude.bernard@gmail.com) et l’énergie qu’elle déploie pour demeurer actrice de sa propre longévité fait ici écho au propos de Serge Guérin, sociologue spécialiste des questions liées au vieillissement : « La société commence tout juste à comprendre que l’on pouvait s’appuyer sur des personnes âgées : dans les associations bien sûr, mais songez aussi que 32 % des maires sont des retraités ! Et, sans ces retraités, le tissu associatif s’écroulerait, des territoires n’existeraient pas. »