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© Ville de Tours - F. Lafite

Culture

Tours veut rester dans le « game »

La structuration d’une filière d’avenir autour du divertissement digital.

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Au-delà des tournois de jeu vidéo, comme hier il put y en avoir avec la Dreamhack ou la Sly-LAN de Solary l’an passé, il se joue actuellement une partie importante : la structuration d’une filière d’avenir autour du divertissement digital.

Pour qui n’y connaît rien à l’univers du sport électronique (Esport), une LAN-party désigne la connexion en réseau local d’ordinateurs derrière lesquels s’affrontent des « gamers » (amateurs) ou « pro-gamers » (professionnels). L’an passé, Solary, l’une des cinq premières structures Esport basée à Tours depuis 2017, organisait « à domicile » une LAN de grande ampleur, et l’une des plus grandes compétitions au monde de Super Smash Bros Ultimate. Près de 900 joueurs et 3 500 visiteurs se retrouvèrent au Palais des Congrès Vinci, 800 000 spectateurs ont suivi les tournois proposés retransmis en ligne.

Derrière l’e-sport, une industrie influente

Tours reparlait aux « gamers », dont la « mémoire vive » avait conservé intact le souvenir des années DreamHack (2015-2019). Le géant suédois de l’e-sport, par son influence médiatique, avait fait de notre ville le berceau français du jeu vidéo compétitif. Pourquoi Tours ? Sa filiale française se trouvait sur place. En plus du cadre agréable et de la distance réduite de Paris, celle-ci bénéficiait de l’enthousiasme de partenaires locaux, publics et privés.

Directeur général de NeedforSeat, dont le showroom à Saint-Pierre-des-Corps voisinait les bureaux de Dreamhack France, Ferreol Chevalier aura aussitôt manifesté l’ambition d’asseoir en Touraine les acteurs du divertissement digital aussi confortablement que dans un fauteuil de eGaming. Mame est depuis devenu un lieu totem de la filière. Fin 2022, il y co-fonde le cluster Pixel Players, lequel compte désormais 80 adhérents en région (dont Solary) : créateurs d’événements, studios de jeux vidéo, agences de communication digitale, associations d’Esport, organismes de formation, du CEFIM à Brassart en passant par l’E-artsup, etc.

Un savoir-faire au service du territoire

« Pixel Players crée des opportunités de collaboration, des partages de connaissances et d’expertise, renforce la visibilité des acteurs du cluster, et encourage l’innovation sur notre territoire, résume Mélanie Paris, sa déléguée générale. Nous mettons à profit les savoir-faire de nos adhérents auprès de notre écosystème et des secteurs plus éloignés du digital, via la création de contenus, la réalité virtuelle (VR) le serious gaming (formations agricoles ou médicales dans le métavers, études comportementales grâce à la VR, apprentissage par le jeu avec les serious games, etc.). Nous apportons également un éclairage sur les métiers et formations de l’Esport et du jeu vidéo, pour le jeune public et leurs parents. »

Ce mois-ci, la Ville de Tours soumet au vote du Conseil municipal son adhésion à Pixel Players, « attentive aux enjeux posés par l’industrie vidéoludique en termes de création d’emploi et de formation », indique Florian Hemme, conseiller municipal délégué aux affaires économiques. Notre rôle est d’écouter et de valoriser les acteurs présents, comme ce fut le cas avec Solary. La mise à disposition du Palais des Congrès a valorisé leur LAN à hauteur de 100 000 € et le projet de cession d’un bâtiment municipal rue de Suède, objet d’une autre délibération, permettra à cette locomotive du secteur de s’agrandir. De même, nous oeuvrons actuellement à l’installation de Pixel Players sur 5 000 m2 aux 2 Lions contre 400 m2
à Mame aujourd’hui. »

« Nous travaillons avec notre promoteur Artprom, la SET et les services de la Ville sur la validation du projet architectural, confirme Ferreol Chevalier. Nous devrions déposer un permis de construire prochainement. Ce projet permettra d’accueillir de nouveaux acteurs de la filière, en proposant plus de modularités dans l’offre de bureau, aussi bien à l’achat qu’à la location. Nous avons d’ores et déjà enregistré des marques d’engagement pour plus de 50 % de la surface. »

Contribuer à l’implantation durable d’une industrie vidéoludique en pleine expansion, c’est vouloir rester dans « le game ». Cette partie, très disputée, est collective, et, pour la Ville de Tours, c’est ici et maintenant que tout se joue.

Solary, acteur tourangeau de l’e-sport

Solary, c’est trois millions d’euros de chiffre d’affaires et environ 70 salariés.
Rencontre avec son directeur général, Baptiste Doussaint.

  • Solary a pour vitrine sa section Esport très performante. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

La société Solary a été créée par huit joueurs notamment d’anciens semi-professionnels ou professionnels : il était donc tout naturel après leurs carrières de prendre le parti d’accompagner d’autres joueurs, de lancer d’autres équipes qui aujourd’hui évoluent sur neuf jeux différents : League of Legends (LoL), Rocket League ou Fortnite, entre autres, et tous inscrits dans des circuits français, européens et mondiaux. Avec des titres mondiaux sur TrackMania, des participations à des finales mondiales sur Fortnite et un joueur dans le top 5 mondial sur Smash Bros Ultimate, Solary nourrit de grandes ambitions tout en gardant les pieds sur terre, privilégiant l’autofinancement dans un milieu qui, lui, enchaîne les levées de fonds.

  • Quels points communs ont l’Esport et le sport ?

Les deux environnements se rapprochent de plus en plus : chef cuistot, coach, assistant-coach, managers, analystes, sponsors, produits dérivés, etc., et, quand on veut performer, dormir et manger correctement, être psychologiquement et socialement équilibré, c’est la base. J’ajouterais que les jeux vidéo, bien encadrés, contribuent au développement de l’intellect, obligent à travailler sa méthodologie, sa logique, son anglais, etc.

  • Parlez-nous de votre projet d’extension et de votre partenariat avec la Ville de Tours ?

Cela fait quatre ans qu’on cherchait des locaux sur Tours pour nous agrandir et ainsi centraliser toutes nos équipes et activités au même endroit, avec la possibilité d’établir de nouvelles passerelles avec Tours, notamment dans l’accueil de jeunes. La Ville nous propose de nous céder un bâtiment municipal, rue de Suède, et elle a répondu présent au lancement de notre Sly-LAN l’an passé au Palais des Congrès Vinci, et si sa seconde édition a été annulée en raison du retrait d’un sponsor, nous avons vocation à faire durer l’événement dans le temps, toujours avec le soutien de la collectivité.

Présentée au Conseil municipal du 8 avril, la cession d’un bâtiment de la ville à Solary doit permettre le développement sur Tours
de la locomotive du divertissement digital.

Florian Hemme, conseiller municipal
délégué aux affaires économiques

À la Bibliothèque, on joue aussi aux jeux vidéo

Lors des mercredis « À vos manettes » de la Bibliothèque Centrale, se déroulent régulièrement des tournois entre 14 h et 17 h. Rendez-vous sur www.bm-tours/agenda (rubrique jeux vidéo) pour n’en manquer aucun. Cela peut aussi se passer en d’autres lieux, comme à la médiathèque des Fontaines le 17 avril prochain, à l’adresse des plus jeunes avec un tournoi Mario Kart à 14 h, dès 8 ans sur inscription – 02 47 74 56 30.

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