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Les serres du bois des Hâtes © Ville de Tours - F. Lafite

Ecologie, Faune et flore

La Ville cultive les alternatives dans les jardins publics

La Ville a établi une nouvelle gamme végétale adaptée au réchauffement climatique pour ses plantations.

Publié le

De mémoire de jardinier, c’est du jamais vu !

En août 2022, face à une sécheresse chronique, la préfecture avait interdit l’arrosage des massifs, des espaces arborés et des terrains de sport avec l’eau potable. La Ville avait alors cherché des solutions d’arrosage alternatives dont la récupération de l’eau des piscines.

Depuis 2023, après une expérimentation à la piscine des Tourettes et en partenariat avec la Métropole, les jardiniers peuvent puiser jusqu’à 40 m3 d’eau par jour issus du système de filtration du centre aquatique du lac. La mairie a aussi pour projet de réutiliser l’eau de la piscine Bozon pour arroser les massifs du centre-ville et celle du Mortier pour ceux de Tours nord.

Une urgence climatique qui appuie l’introduction d’une nouvelle « gamme végétale résistante à la sécheresse », cultivée dans les serres du bois des Hâtes qui privilégient des variétés comme la sauge ou le géranium zonal au détriment d’espèces comme l’impatiens ou le bégonia. Les serres produisent 200 000 plantes annuelles et bisannuelles, 35 000 plants de légumes pour les massifs et les jardins gourmands solidaires, avec une expérimentation cette année de culture de très jeunes arbres.

Apprendre à vivre avec la sécheresse

« Je viens de la Beauce et on y replante des haies bocagères après des années d’arrachage car elles contribuent à préserver la biodiversité, souligne Mikaël Deshayes, responsable des semis. La pénurie de l’eau, c’est une préoccupation quotidienne des communes. » En pleine plantation autour des bassins de la place Jean-Jaurès, son collègue, Laurent Jonckheere, responsable du secteur centre-ville, confirme : « On a puisé dans une ressource qui semblait inépuisable… » Une dame, qui s’arrête pour s’intéresser aux plantations, s’étonne : « Les Tourangeaux se sont habitués à l’abondance… J’ai vécu 30 ans au Maroc : la sécheresse, les Marocains la vivent au quotidien ! »

Depuis mai dernier, la Ville a mis en place un arrosage autonome écologique avec des oyas dans le jardin des Vikings. Les jarres en argile poreuse sont remplies d’eau et enterrées dans le sol. Elles laissent échapper l’humidité que la plante absorbe selon ses besoins. Une cinquantaine d’oyas alimentent les légumes potagers qui seront distribués aux familles par l’intermédiaire des associations et des centres sociaux. Par ailleurs, les jardiniers mènent une expérimentation avec des plantes allélopathiques au Jardin Botanique. Elles produisent des composés biochimiques qui peuvent ainsi limiter la germination des espèces adventices concurrentielles et limiter le désherbage. Ces plantes ont aussi été choisies pour leur capacité à s’adapter à un terrain sec et une exposition ensoleillée.

Nous voulons faire de Tours une « ville à canopée » qui endigue le phénomène des îlots de chaleur mais aussi une « ville éponge » qui nous protège des pluies très violentes comme celles du printemps dernier. C’est ainsi que nous végétalisons les cours d’école et les espaces publics, nous plantons des arbres de pluie qui améliorent l’infiltration et nous avons modifié le Plan Local d’Urbanisme pour avoir 30 % de pleine terre dans toutes les
nouvelles opérations.

Betsabée Haas, adjointe déléguée
à la biodiversité, à la nature en ville, à la gestion des risques et à la condition animale

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